UN SONDAGE CELESTE EN QUETE DE CONNAISSANCE
Un sac déposé par terre, dehors ou à l’intérieur d’une très haute salle. En dépasse une corde de lin d’un diamètre de 8 mm. Autour du sac, un agencement de 47 perches de frêne. Chacune mesure 3 mètres de long, 4,5 cm d’épaisseur et se rétrécit vers ses bouts. Un trépied, formé de trois perches reliées au milieu par une corde, se dresse au-dessus du sac. Heinz y grimpe et reste accroupi là, un certain temps. Puis il ramasse par terre une perche de frêne, saisit le bout de la corde de lin qui sort du sac et fixe la perche verticalement sur l’un de pieds du tripode, telle une branche pointant vers le haut. Puis il attrape une deuxième perche, l’attache à la branche verticale et relie le trépied avec le sol.
En nouant progressivement chaque perche avec une autre, Heinz bâtit un fondement d’où se dresse une tour qui monte vers le ciel. Avec agilité et fluidité, il se déplace dans le labyrinthe des perches, grimpant infatigablement ici et là pour construire la structure et tester sa stabilité. Trois fois, Heinz interrompt son travail pour manger une pomme. La troisième fois juché tout au sommet de la tour achevée. La façon de construire ne change jamais. Pourtant, la forme de la structure est toujours nouvelle. Le jour où Heinz bâtira une tour vraiment parfaite, il la quittera par le haut. En attendant ce jour, il démonte la tour, détachant patiemment une perche après l’autre, les appuyant contre le trépied et jetant les cordes par terre. Au bout de 3 ou 4 heures, Heinz pose enfin le pied au sol et s’éloigne. Reste un amas de cordes et un cône formé de perches de frêne.
Julian Bellini interprète HEINZ BAUT en 2014